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Saint-Aubin, de la Renaissance à l'Empire

- la Renaissance et les Bourbons (de 1483 à 1789)
- la Révolution Française et la première République (de 1789 à 1799)
- le Consulat et l'Empire (de 1804 à 1815)

La Renaissance

Les inondations

L'inondation de 1496, qui dura du 6 au 22 janvier, causa de grands dégâts sur les rives de la Seine. Une nouvelle inondation désola la paroisse en 1505. Elle commença le 2 février et dura 15 jours. Le 16 mars 1518, une terrible tempête ravagea notre contrée ; un très grand nombre d'arbres furent abattus (plusieurs églises de Rouen eurent même leur tour renversée par le vent). 

La peste s'abattit en 1521 et 1522 et fut suivie en 1524 et 1525 d'une grande stérilité qui occasionna la cherté générale des subsistances.

 

Saint-Aubin au fil des grands évènements

Le 17 mai 1562, un parti de protestants quitta Rouen en dévastant les églises se trouvant sur son passage (dont Saint-Aubin) en l'honneur de Dieu et ses saints. A cette époque, le pays était livré aux horreurs de la guerre civile qui avait éclaté entre les catholiques et les protestants et dont le massacre de la Saint-Barthélemy fut l'un des plus sanglants épisodes.

Le commencement du XVIIème siècle (1609) fut marqué à Saint-Aubin par un événement considérable : la prieuré Saint-Gilles, qui depuis sa fondation n'avait cessé d'être la propriété des religieux de l'abbaye de Saint-Ouen, devint celle de la société de Jésus (jésuites) par bulle papale, et ce jusqu'à leur expulsion en 1762.

Le 1er registre des baptêmes fut commencé par Bernard Maille, curé de Saint Aubin en 1608. La population de la paroisse était alors d'importance puisque 35 baptêmes furent célébrés en 1609. En 1658, les inondations causèrent des ravages sur la commune.

Sous le règne de Louis XIV (1662-1685) eurent lieu les dragonnades (persécutions contre les protestants pour les contraindre à embrasser la foi catholique). Les dragons furent ensuite rappelés dans les provinces et Saint-Aubin reçut une garnison de dragons.

La haute justice seigneuriale de "Saint Aubin de Port Saint Gilles" tenait séance sur la place de la Cohue (aujourd'hui place du Dr Pain), sous un orme plusieurs fois séculaire, (qui fut abattu dans les années 1830). 

L'économie locale
Fin XVIIème, la misère était très grande et un certain nombre d'ouvriers de la paroisse durent vendre ce qu'ils possédaient pour subvenir à leur existence. 
A cette même époque, Elbeuf n'avait pas le seul privilège de la fabrication des draps. Ainsi, à Saint-Aubin, se trouvaient 23 métiers de draps.
En 1718, Saint-Aubin contait une fabrique de bateaux, bien que le principal lieu de construction était Cléon. 
En 1725, on comptait 800 habitants à Saint-Aubin. Un grand nombre d'entre eux trouvaient leurs moyens d'existence dans le tissage des draps.

Le passage de la Seine
En 1720, le passage du Port Saint Gilles était mal desservi. Les bateaux étaient usés, leur conduite souvent confiée à des enfants sans expérience et le curage, à la charge des propriétaires du passage, n'était pas fait. Une catastrophe sans précédent dans l'histoire de la commune jeta le deuil sur un grand nombre de famille le 4 janvier 1721. Une cinquantaine de passagers périrent noyés. Les propriétaires furent condamnés à fournir "passage bon, solide et sûr pour passer et repasser" (soit 2 bateaux) et le curage du passage. Malgré ce jugement, le passage ne fut pas nettoyé et les habitants durent faire opérer le curage à leurs frais. Une nouvelle inondation eut lieu en 1740. L'eau de la Seine monta à 14 pieds au dessus de l'île Saint Gilles soit 16 pouces de plus qu'en 1658. 

La Révolution Française

1789 : Par arrêté des députés du Parlement de Rouen, en date du 9 janvier 1790, le canton d'Elbeuf fut créé, avec cette ville pour chef-lieu. Les communes comprises dans ce canton étaient alors : Tourville, Cléon, Saint-Aubin, Freneuse, Sotteville-sous-le-Val, Caudebec, Orival, Grand Couronne, Petit Couronne, Moulineaux, la Bouille, Oissel, Saint-Etienne du Rouvray et La Londe. 
En 1790, sur les 102 communes du District de Rouen, seules 13 n'avaient pas d'écoles, mais de ce nombre était Saint-Aubin. 

La naissance de la République
La date à laquelle fut constituée la municipalité de Saint-Aubin n'est pas connue précisément mais à la date du 15 juillet 1792, Mathurin Fréret était maire de la commune. Le recensement des armes et munitions fut fait le 16 août et le 7 octobre, le maire et les officiers municipaux et notables s'assemblèrent dans l'église pour prêter serment. L'enthousiasme des habitants, aux cris de "Vivent la liberté et l'égalité ! Vive la Convention Nationale !", n'était point de commande. Notre population accueillit avec une joie sincère la fin d'un régime qu'elle détestait ; elle était d'ailleurs pleine de confiance en l'avenir, et il lui semblait que la chute de la royauté devait mettre un terme aux maux et aux abus dont elle avait souffert. 
Le 2 septembre 1793 eut lieu la cérémonie de la plantation d'un "arbre de la Liberté, égalité, unité, indivisibilité de la République, fraternité ou la mort" par le citoyen Landry au port Saint-Gilles rebaptisé "Port de la Fraternité". 

La famine 
Le conseil général s'assembla pour délibérer sur les moyens de procurer des subsistances aux habitants "considérant que l'on ne peut rien espérer des productions du sol de la paroisse naturellement ingrat, que toutes les ressources sont épuisées, que les halles du canton sont absolument dégarnies et que les besoins pressants de la population nous font un devoir impérieux de prendre toutes les mesures capables de calmer les inquiétudes de nos concitoyens". Le ministre accorda ainsi 600 quintaux de froment pour la subsistance provisoire des habitants de Saint-Aubin. 
Le 27 août 1793, la municipalité nomma un commissaire des subsistances afin de répondre au décret de la convention contre les "accapareurs". La famine provoquée pour enrichir les " accapareurs " par le marché noir, avait été un des éléments détonateurs de la Révolution Française. La question des subsistances a joué un rôle essentiel dans la mobilisation des masses populaires qui, par l'insurrection, ont donné à la Révolution un nouvel élan à chaque fois qu'elle semblait dans l'impasse : à chaque fois, le peuple se soulevait pour briser les tentatives des contre-révolutionnaires "qui voulaient l'affamer".

La République et l'Eglise
En 1793, l'argenterie que possédait notre église fut transformée en argent et les papiers et titres appartenant à l'église furent mis sous séquestre, à l'effet de faire régir par la municipalité ces propriétés paroissiales devenues nationales. Le curé de l'époque signa sur les registres municipaux comme officier public pour enregistrer les actes de mariage, naissance et décès. Le 10 août 1793, le conseil municipal délibéra sur la manière de solenniser l'acceptation de l'acte constitutionnel. Il fut arrêté à l'unanimité que le citoyen curé serait requis pour célébrer une messe à laquelle seraient invités tous les habitants de la commune afin de prêter serment de maintenir la République une et indivisible. 

Le 8 septembre, le conseil arrêta qu'en vertu de la loi du 23 juillet précédent, deux cloches sur les 3 existant dans le clocher de l'église seraient descendues. Ces cloches furent fondues pour en faire des canons destinés à la défense du territoire de la République. En l'église, renommée alors "Temple de la Raison", étaient lues les lois et la cloche ne servait que pour ce qui concernait l'intérêt public. Une partie des "objets de superstition" fut enlevée. 
Le 3 frimaire de l'an II (22 novembre 1793), le conseil général de la commune se réunit afin de procéder au "changement de superstition que porte la commune dite de Saint-Aubin-jouxte-Boulleng". Saint-Aubin devint "Les Sablons-jouxte-Boulleng", un nom qui ne fut généralement pas accepté, même sur les registres municipaux de l'époque. 

Le 18 floréal, le commencement de la réaction se manifesta : l'inscription "Temple de la Raison" fut remplacée par "Le Temple de l'Être Suprême", le peuple Français reconnaît l'Être suprême et l'immortalité de l'âme. Le 8 messidor (26 juin 1794), la commune d'Aubin-jouxte-Boulleng (nouveau nom) comptait 1 130 individus. L'église fut réouverte au culte catholique le 16 germinal an III (5 avril 1795).

La vie quotidienne

Le 19 thermidor (juillet 1794), l'instituteur de Cléon déclara à la municipalité d'Aubin son intention d'ouvrir une école primaire de premier degré en cette commune.

A cette époque, de nombreux titres de propriété furent détruits et les ressources (avoine, semences, mais 
également chaussures, voitures, cuir, etc.) recensées et / ou réquisitionnées pour être réparties équitablement entre les citoyens du département. Compte tenu des faibles rendements de la commune (grains) et les besoins des administrés, le conseil décida cependant à plusieurs reprises de secourir en premier lieu les habitants de la commune. Certains soldats étaient retournés dans leurs familles à l'hiver 1794 mais un ordre arriva, et ceux qui ne purent justifier de maladie retournèrent sous les drapeaux.

Dans la nouvelle division territoriale du département de la Seine-Inférieurs faite le 24 vendémiaire an IV (16 octobre 1795), Saint-Aubin-jouxte-Boulleng était comprise dans le canton de Oissel qui comptait 2 465 électeurs. Le 11 octobre 1801 (19 vendémiaire an X), Saint-Aubin fut incorporé dans le canton d'Elbeuf

Entre 1796 et 1799, plusieurs fabriques de draps s'établirent à Saint-Aubin C'est à partir du 23 fructidor an XIII que se firent les opérations du cadastre dans la commune. Les conditions de vie furent très difficiles pendant les années révolutionnaires. Les mauvaises récoltes, les nombreux recensements et les réquisitions provoquèrent de grandes misères. 

L'Empire

En 1806, la population de Saint-Aubin était de 1 094 habitants.

Le conseil municipal ne montra jamais de sympathie pour l'Empire. Il en donna une preuve en 1811 à l'occasion de la naissance du roi de Rome. Il fut décidé qu'à cause des circonstance du mauvais commerce et de la misère des temps, la commune ne pourrait offrir aucune ressource pour des réjouissances. La préfecture ordonna cependant la tenue de fêtes officielles.

Le premier renouvellement quinquennal des maires et adjoints eut lieu le 1er janvier 1808, le second en 1813. Les nouveaux élus prêtèrent serment devant l'assemblée communale dans les formes suivantes : "Je jure obéissance aux Constitutions de l'Empire et fidélité à l'Empereur". Cette cérémonie se termina sur les cris de "Vive l'Empereur".

En avril 1815 (Empire - Les cent jours), le conseil municipal se réunit pour prêter serment à l'Empereur en jurant tour à tour "obéissance aux constitutions de l'Empire et obéissance à l'Empereur.

  • Sources - Bibliographie
    - SAINT-AUBIN JOUXTE-BOULLENG - H SAINT DENIS - 1888


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