Talus & Prairie maigre

Qu'est-ce qu'une prairie maigre ?

La prairie maigre dite "sèche" se développe sur un sol pauvre en substances nutritives. A l'opposé, le sol d'une prairie grasse est riche de fumure, des apports de purin ou de fertilisant de synthèse.

Une prairie maigre frappe par la multitude et la variété de ses fleurs colorées ; on y entend les stridulations du grillon ; bref elle a un petit air méridional.

 

Prairie grasse

 

Qu'est ce qu'une prairie grasse ?

Passée la floraison des pissenlits, la prairie grasse offre le spectacle d'une verdure monotone à peine rehaussée par le trèfle des prés.

Verdure luxuriante et dense, les prairies grasses contrastent nettement avec le vert-jaune tendre des prairies maigres. C'est la richesse du sol qui permet une croissance végétale considérable obtenue aux dépens de la variété.

 

Intérêt floristique des prairies maigres

Malgré l'idée reçue, les prairies maigres sont d'une grande richesse biologique. Plus de 60 espèces de plantes à fleurs, dont certaines rares et menacées, prospèrent dans une prairie maigre sèche, contre 30 à peine dans une prairie grasse.

Le manque d'eau engendre un réseau de racines très développé, plus profond et plus dense que celui des prairies grasses, il en résulte:

  • une plus grande résistance à la sécheresse
  • une meilleure stabilisation du sol
  • une meilleure protection contre l'érosion

Par leur structure et leur richesse floristique, les prairies maigres offrent un habitat à beaucoup d'insectes. Ceux-ci constituent la source de nourriture de nombreux prédateurs.

 
 

Le pâturage : moutons dans le pré

 

Le déclin des "prairies maigres"

Le déclin des prairies maigres a commencé dans les années 50 suite à une industrialisation croissante.

Elles tendent à disparaître pour les raisons suivantes:

  • Urbanisation et lotissement
  • Abandon de la fauche et du pâturage
  • Fumure: transformation en prairies grasses

Ces milieux se sont raréfiés à tel point que nombre de leurs espèces, dont plusieurs orchidées, sont actuellement menacées de disparition.

 

Les orchidées : des fleurs spectaculaires et de bons indicateurs

On trouve des orchidées dans de nombreux biotopes, de la forêt au marais, mais un grand nombre d'entre elles sont caractéristiques des sols maigres. Cette adaptation au sol pauvre est un avantage tant que le sol n'est pas enrichi en matières nutritives ; lorsque c'est le cas, elles sont supplantées par des espèces plus concurrentielles. Certaines orchidées constituent ainsi de bons indicateurs écologiques. Elles traduisent la présence d'un sol pauvre, favorable au développement des prairies maigres.

 

 

Orchidée "sauvage"

 

Des bourdons sur chaque fleur

 

Les talus : substituts des prairies maigres

Or, quelques une de ces espèces avaient trouvé un dernier refuge sur les talus routiers. Malheureusement, ce n'est plus les talus d'antan : un entretien par trop rigoureux ôte tout espoir de voir la nature reprendre durablement ses droits entre routes et cultures.

Il devrait néanmoins exister une possibilité de concilier les intérêts de la protection de la nature, les contraintes des services techniques et les exigences de l'agriculture.

 

 

Qu'est-ce qu'un talus et une banquette ?

L'emprise d'une route dépasse souvent la chaussée et ses accotements. Pour s'insérer dans la topologie des lieux, les routes comprennent souvent des surfaces étendues de part et d'autre du bitumes : les talus.

Nous appelons "talus" ces surfaces plus ou moins inclinées (de 20 à 150% de pente en général) indépendamment de leur largeur.

L'accotement ou la bordure plate (de 0 à 20% de pente) située à proximité immédiate du bitume et d'une largueur comprise en général entre 20cm et 2m s'appelle "une banquette".

 

 

 

Banquette et talus

Panneau indiquant un fauchage tardif

 

Le talus : intérêt faunistique et floristique

Les talus sont intéressants pour certains vertébrés qui réalisent une partie de leur cycle biologique dans ces milieux. Mais, c'est au niveau des invertébrés qu'ils sont le plus précieux : fourmis, sauterelles, coléoptères, araignées, apprécient les talus dont la fauche tardive leur permet d'accomplir leur cycle vital.

La faune entomologique d'un talus est d'autant plus riche et diversifiée que la flore qui s'y développe est variée. On peut admettre qu'il s'y trouve au moins 10 fois autant d'espèces d'insectes qu'il y a d'espèces végétales dans un site.

ATTENTION: le genre d'entretien que subit le talus joue un rôle primordial : la végétation fauchée ou tondue au ras du sol, dès le printemps, puis encore plusieurs fois au cours de l'année transforme le talus en "désert biologique" n'offrant plus aucune nourriture ou refuge. Au contraire, si la végétation herbacée peut se développer librement et parfaire son cycle vital (c'est à dire fleurir et produire ses graines), toutes les formes de vie se trouveront favorisées.  

Chenille de paon du jour

Le bord des routes représente des distances considérables

 

Le talus : corridor biologique

La propagation ou le passage d'espèces d'une forêt à un marais est souvent rendu impossible lorsque ces biotopes sont séparés par une zone agricole ou urbaine. Or, ce déplacement est vital pour bon nombre d'espèces animales ou végétales. Les bordures semi-naturelles qui accompagnent le réseau routier sont autant de voies qui permettent le déplacement et l'échange génétique. Mises bout à bout, elles représentent des distances considérables. Les talus jouent donc un rôle important dans le maintien de ce que l'on appelle les trames vertes.

 

Le talus ne remplacera jamais une véritable prairie maigre

La richesse d'un jeune talus (de 30 ans) n'atteint pas celle acquise depuis des centaines d'années, dans une prairie en équilibre. De plus, ce milieu subit des impacts supplémentaires (bruits, déplacement d'air, pollution des sols, etc...)

La faune a des exigences plus grandes (absence de dérangement, stabilité du milieu, superficie etc...). Elle utilisera davantage le talus de manière temporaire, pour se déplacer par exemple.

 

Prairie maigre de fauche

Le pâturage est une gestion parfois nécessaire

 

Un entretien indispensable

Sous nos climats, la végétation tend normalement vers la forêt. Certaines espèces herbacées ont donc besoin de la fauche du cantonnier pour survivre, comme elles avaient besoin de celle de l'agriculteur il y a quelques décennies encore. Encore faut-il que cet entretien soit pratiqué de manière favorable au développement de la richesse biologique de ces milieux. Une étude plus détaillée de cette flore et de cette faune permettra de préciser quel degré d'entretien demandera la végétation des talus pour assurer sa richesse biologique tout en garantissant la sécurité des usagers de la route.

L'entretien recommandé pour les talus peut se résumer de la manière suivante :

  • Priorité à la sécurité routière, avec entretien intensif de la banquette

  • Fauche retardée autant que possible pour le reste du talus

  • Évacuation des produits de la fauche pour appauvrir les terrains

 

 

Bibliographie :

LSPN (Ligue Suisse pour la Protection de la Nature), mars 1996 : "Protection de la nature et entretien des Talus des bords de route et des cours d'eau, résultats de 5 années d'action", 58 pages.

 

Pour en savoir plus :

Prairies maigres de fauche

Plantes talus

La gestion différenciée du bord des routes

     
 
     

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